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Lettre ouverte adressée le 15 juin 2017 aux ministres Nicolas Hulot et Bruno Lemaire

 
 
 

Vous ne pouvez ignorer plus longtemps les protestations que soulèvent les permis de recherches. Vous ne pouvez ignorer plus longtemps les protestations que soulèvent les permis de recherchesminières octroyés depuis 4-5 ans en différents points du territoire, en Bretagne, Pays de Loire, HauteVienne, Dordogne, Creuse, Pays basque, Ariège et en Guyane. Vous ne vous en étonnerez pas, car euégard aux 3500 sites miniers français laissés pollués par leurs exploitants sans que l’Etat n’y remédie,qui pourrait donner crédit aux propos des sociétés de prospection qui promettent la maîtrise desproblèmes de pollution dès la phase de recherche et jusqu’à la réalisation d’un après-mine vertueux ? Comment croire à la « mine responsable » quand nous constatons que l’information donnée auxpopulations n’est que la communication des prospecteurs et quand nous voyons quelle part estréellement accordée à la consultation publique ou à la concertation et à quel point les oppositionslocales sont ignorées, leurs arguments mis sous le boisseau ?

Le « renouveau minier » du fait de toutes ses conséquences prévisibles, contrecarre la mise enoeuvre de la transition énergétique quand celle-ci est d’autant plus attendue qu’elle est nécessitée par leréchauffement climatique en cours. Ainsi vous conviendrez à raison que la préservation des eauxsuperficielles ou souterraines malheureusement déjà impactées, représentent plus que jamais un enjeuessentiel : comprenez que les habitants n’acceptent pas qu’elles soient irrémédiablement polluées pardes travaux miniers, qu’ils soient de recherche ou d’exploitation.

Pourquoi les habitants touchés par ces projets, accepteraient-ils en outre, de graves atteintes à laflore et à la faune, la dégradation de leur cadre de vie et la perte de valeur de leurs biens, tout cela auprofit de sociétés à capitaux boursiers internationaux dont la préoccupation majeure est la croissance àSidney ou à Toronto du montant des actions de leurs dirigeants ? Sans compter qu’une fois les minesabandonnées pour cause de non-rentabilité, ce serait à eux et à leurs enfants d’en supporter toutes lesconséquences, y compris celles de santé publique !

Nous avons à coeur de défendre les activités existantes sur nos territoires et les emplois locauxqu’elles génèrent, notamment celles d’une agriculture et d’un tourisme qui exigent de préserver laqualité de l’environnement. A cela, nous est répondu : intérêt national et stratégie avant tout. Maisqu'en est-il à vos yeux du choix des citoyens qui défendent leurs intérêts vitaux ? Et sur quels marchésréservés croyez-vous que les métaux seraient proposés s’ils venaient un jour à être extraits à prixcompétitifs ? Pourquoi donner foi à la prévalence de l’intérêt national de la part de sociétés écransquand les ressources de ces dernières se concentrent dans des paradis fiscaux ?

L’Etat ne peut plus continuer, sauf à se compromettre, de soutenir les intérêts de sociétés deprospection aussi peu crédibles en matière de vertu patriotique et démocratique. Il en va de mêmequant aux capacités réelles des compagnies, quelles qu’elles soient, à tenir les prouesses techniquesqu’elles promettent sans preuve au nom de leur soi-disant progrès - en réalité très relatif ou nul - à respecter l’environnement, la santé des habitants et les activités économiques laborieusement mises en place des alertes et des exemples, dossiers à l’appui, nos associations en ont fourni abondamment aux services administratifs ainsi qu’aux différents ministères concernés.

Il n’est pas vain de se demander s’il est bien utile à tous points de vue, y compris sur le plan de la rentabilité pour la collectivité « nationale », de chercher à relancer ainsi à tout-va l’exploitation des ressources du sous-sol sachant que depuis 1970, le coût global de l'après-mine dépasse fortement le milliard d'euros par an et ceci, sans qu’en soit comptabilisé ni le coût environnemental ni le coût sociétal ?...

Et comme vous le savez, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a énoncé, en principes, la priorité à « la prévention de l'utilisation des ressources » et à la promotion « d'une consommation plus sobre et responsable des ressources naturelles non renouvelables et des matières premières primaires ainsi que, en priorité, un réemploi et une réutilisation et, à défaut, un recyclage des déchets, des matières premières secondaires et des produits.» (Article 70 fondé sur les articles L.110-1- et L.110-1-1 du code de l'environnement).


C’est donc pour toutes ces raisons, Messieurs les Ministres, que nous attirons votre attention sur l’urgence à examiner le bien-fondé de cette multitude de projets miniers récemment imposés, ceci au vu des contradictions et des freins qu’ils représentent vis-à-vis des nouvelles orientations globalement nécessaires comme au vu des impacts inacceptables qu’ils engendrent.


Dans cette perspective, nous vous adressons en premier lieu ces demandes :

  • refuser toute nouvelle délivrance ou prolongation de permis exclusifs de recherches de mines ;
  • procéder enfin à la dépollution et à la réhabilitation par l’Etat des anciens sites miniers ;
  • annuler les permis accordés lorsque les habitants directement impactés et les collectivités locales le demandent ;
  • interdire l’usage de procédés toxiques, en premier l’usage du cyanure qui empoisonne les eaux ;
  • engager une politique sérieuse de recyclage des produits contenant les métaux convoités ;
  • instaurer un véritable débat public sur la politique de nos ressources minérales qui prenne en compte la dégradation rapide du climat, des milieux naturels, de l'air, de l'eau, des sols ;

Nous souhaitons vous rencontrer afin d’échanger sur ces questions et sur nos différentes demandes.

Nous vous remercions de l’intérêt que vous porterez à ce courrier et nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre d'État, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.

Les associations et collectifs