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Mes réflexions et questionnements sur le projet Montagne d’Or par Nora Stephenson (1)

J’écoute l’émission de Radio Peyi du 28 juillet vers 19h, une intervenante parle de voix positives et de voix négatives dans le débat autour du projet Montagne d’Or.

Il n’y a pas de voix négatives, pas plus que de voix positives d’ailleurs. Il y a des voix qui s’expriment, qui communiquent, débattent, échangent, partagent des informations, des idées, des convictions etc.…

Alors, je vais partager avec vous, les réflexions, questionnements, informations par rapport au projet Montagne d’Or qui fait couler actuellement tant de paroles et d’encre en Guyane et dans le monde.

Un projet tel que celui-ci doit faire l’objet d’un débat public avant l’enquête publique selon la loi française. Qu’en est-il à ce sujet ? Une centaine de personnes dans une salle à Saint-Laurent du Maroni, jeudi 27 Juillet.

Est-ce cela que l’on entend par débat public ?

Un projet tel que celui-là doit être examiné sous tous ses aspects : économique certes (puisque c’est cet aspect qui est toujours mis en avant) mais aussi sanitaire, environnemental, social, juridique et j’en passe.

Ce projet n’aura pas seulement d’incidences pour Saint-Laurent du Maroni mais pour toutes les communes environnantes, pour la Guyane entière. Le réseau hydraulique est déjà pollué par le mercure qui tue les populations autochtones et d’autres ; des enfants naissent mal formés sur le Haut Maroni dans l’indifférence générale. Mais qu’en sera-t-il de l’emploi de tonnes de cyanure pendant des années ?

La mine propre n’existe pas !

Une mine a toujours un impact sur les populations, l’environnement, le territoire. Être responsable, c’est une qualité liée à la personne humaine, alors qu’est-ce qu’une mine responsable ?

L’Aude qui est une région minière française d’où l’on a tiré 120 tonnes d’or à Salsigne est pourtant à l’heure actuelle l’une des régions les plus pauvres de France. Bizarre, très bizarre !

Ce qu’on appelle le passif minier français a déjà coûté 46 milliards d’euros depuis 1971 et devra être assumé pendant des centaines d’années, voire des milliers d’années. Qu’en sera-t-il pour la Guyane ?

Une moyenne d’1 milliard par an ponctionné sur les finances publiques à mettre en balance avec les rentrées fiscales attendues de 23 millions d’Euros seulement par an pour le « super » Projet Montagne d’Or. Faîtes le calcul.

Combien coûtera la dépollution des sols, des eaux, des écosystèmes, des hommes après la contamination par le cyanure?

La revégétalisation me semble appartenir au domaine des bonnes intentions, en fait irréalisable. Peut-on sérieusement penser qu’on peut reconstituer en quelques mois, voire quelques années ce que la nature a mis des siècles à créer ?

Des sommes importantes destinées à servir l’intérêt général sont mises au service de l’intérêt privé

C’est la Collectivité Territoriale de Guyane qui doit mettre en place le réseau électrique afin de fournir la mine en électricité, 25 puis 20 MW, c’est-à dire 1/5 ème de la consommation globale de Guyane. Coût 70 millions d’euros. 30 millions à la charge de la CTG. Ainsi des sommes importantes destinées à servir l’intérêt général sont mise au service de l’intérêt privé. Or, la Guyane manque d’écoles, d’hôpitaux, des communes sont enclavées, des villages n’ont ni eau potable, ni électricité d’ailleurs.

Ce à quoi il faut ajouter la réalisation de 120 kilomètres de route en pleine forêt, toujours à la charge des contribuables que nous sommes. Nous aurons paradoxalement dépensé les retombées financières, voire plus, avant même qu’elles n’arrivent dans «les caisses»

Qui l’empruntera cette route après 12 ans ? Les orpailleurs illégaux ? Les singes ? Pourquoi pas !

Entre la concession « Montagne d’Or », le Projet Montagne d’Or et la Compagnie Montagne d’Or, une poule ne retrouverait pas ses œufs. Au PIF !

La méga industrie minière est une aberration en soi, notamment au moment où il est question en Guyane (en France et dans le monde) de développement durable et de nécessaire protection de l’environnement.

La mise en place d’une telle activité chez nous est la porte ouverte aux autres dossiers de ce type déjà dans les cartons de la CTG.

Voulons-nous vraiment voire notre Guyane défigurée, intoxiquée, contaminée pour des milliers d’années ? Que restera-t-il aux générations futures ? Mort et désolation ?

Il y a d’autres moyens de créer des emplois, ne serait-ce qu’avec notre riche biodiversité qui peut nous rapporter le développement tant souhaité sans cette mutilation, cette mort annoncée. Il suffit de le vouloir.

Une multinationale est une entreprise privée qui n’enrichie que ses actionnaires.

Alors, ayons le courage politique pour dire NON à la méga mine industrielle en Guyane, à l’instar du Salvador qui vient d’interdire l’industrie minière extractive de métaux sur son sol le 29 mars.

Juillet 2017.
Nora Stephenson, porte parole du collectif Or de Question